Pensez-vous que le pouvoir d’achat des Français est aussi élevé que le dit le gouvernement ?

« En France, on regarde le centime qu’on perd, jamais celui qu’on gagne ! ». Voici ce qu’affirmait Emmanuel Macron en avril 2018[1] à propos du pouvoir d’achat, accusant les Français de se plaindre sans voir les « progrès » réalisés. Pourtant, la question du pouvoir d’achat est un sujet qui intéresse de nombreux Français. À la question « pensez-vous que le pouvoir d’achat des Français est aussi élevé que le dit le gouvernement », 93,67% des votants ont choisi le « non ». 2,44% d’entre eux, au contraire, ont estimé que le gouvernement avait raison. 3,89% ne se prononcent pas.

Il convient d’abord de savoir ce que nous prenons en compte dans les achats. S’il s’agit de produits essentiels à la vie, tels que l’alimentation, le logement, l’énergie, l’habillement et les transports ; toute baisse de pouvoir d’achat engendre une situation individuelle de contrainte qui peut amener au seuil de la pauvreté, voire à la pauvreté pour ceux qui n’ont déjà pas la possibilité d’envisager d’autres dépenses (vacances, sport, loisirs, etc.). Il est reconnu globalement que, concernant le gaz, le carburant, l’électricité ou la baguette de pain, le prix des produits et services que l’on consomme le plus augmente. En revanche, nombre de commentateurs politiques expliquent que le revenu disponible brut des ménages est en augmentation. Ce revenu compenserait donc la hausse des prix. Ce qui n’est pas précisé, c’est la catégorie à laquelle appartiennent les ménages qui connaissent une augmentation de leur revenu brut : qu’en est-il des Français de la ruralité, des perdants de la mondialisation, de ceux qui n’ont perçu aucune augmentation au cours de ce quinquennat ? Ils sont les premiers concernés par l’achat de produits de première nécessité, et les premières victimes de cette hausse des prix. Pour eux, cette perte de pouvoir d’achat n’est pas qu’un « sentiment », mais une réalité tragique.

Dans les cas plus favorables, une baisse de pouvoir d’achat engendre la nécessité de concentrer les dépenses du ménage sur l’essentiel et à restreindre le superflu. La vie reste vivable, mais la vie est sans joie matérielle et, pire, l’angoisse et la crainte du lendemain s’installent. Pour les classes les plus aisées, une baisse de pouvoir d’achat entraîne une baisse du train de vie et diminue l’injection d’argent dans l’économie par les dépenses de ménages qui jouissent d’un certain confort. Sur la question du pouvoir d’achat, il y a trois aspects essentiels à prendre en compte :

– La perte de pouvoir d’achat, c’est-à-dire la diminution des moyens d’un foyer, est un facteur d’inquiétude, voire de désespoir, car elle génère un obscurcissement de l’avenir pour bon nombre de Français, grands consommateurs d’anxiolytiques. Les Français ont aujourd’hui l’impression que tout se dégrade. Cette diminution des moyens transforme la nation en une boule d’angoisse recroquevillée sur le bien-être individuel et la préservation égoïste de son périmètre personnel, estimé à raison en danger de délitement, au détriment du sentiment d’appartenance à une nation commune qui porterait un avenir et un espoir.

– La perte de pouvoir d’achat engendre l’accroissement des inégalités. Si les inégalités ne sont pas à combattre dans l’absolu comme une anomalie, l’accroissement des inégalités, lorsqu’il est visible, fragilise encore davantage les plus fragiles et ne gêne que vaguement les plus aisés.

– La perte de pouvoir d’achat quand elle est en partie due à une pression fiscale démentielle qui pèse sur tous, notamment par la TVA ou les taxes pétrolières, est d’autant moins acceptable que les services rendus par l’Etat ne sont pas à la hauteur en France.

Cette perte de pouvoir d’achat est donc réelle et dangereuse. Elle est en partie due aux impôts et taxes écrasants imposés par l’État. La France est le pays le plus taxé au monde. Ce niveau de taxe exorbitant est inévitable étant donné toutes les dépenses de l’État : subventions de l’audiovisuel (3,6 milliards d’euros), accueil des demandeurs d’asile (1,3 milliard d’euros), prise en charge des mineurs étrangers (2 milliards d’euros), l’aide médicale d’État (1,06 milliard d’euros), l’entretient des banlieues … Il y a donc de nombreux éléments à réviser si nous voulons redonner du pouvoir d’achat aux Français, et notamment aux plus modestes.

La diminution du pouvoir d’achat, révélatrice du grand déclassement, est fortement ressentie par le peuple et particulièrement par les plus fragiles. C’est un signal fort qui devrait inquiéter le gouvernement au plus haut point. Pourtant, ledit gouvernement méprise ce signal, comme il méprise le peuple de France. Or, au-delà du malheur associé à ce déclassement qui, en lui-même est une raison essentielle d’agir, il importe de se rappeler que les multiples crises qui ont émaillé le quinquennat Macron risquent de s’amplifier au cours du prochain quinquennat si rien n’est entrepris pour redonner du pouvoir d’achat aux Français.


[1] Emmanuel Macron, Twitter.