Participation de Jean-Frédéric Poisson le 23 février au colloque organisé par le Mouvement politique chrétien européen (ECPM) et son parti membre Valores à Tolède, en Espagne, pour évaluer de manière critique les implications du Pacte et plaider en faveur d’une approche plus humaine des migrations en Europe.

Le Pacte européen sur les migrations et l’asile a suscité un débat controversé depuis sa proposition (septembre 2020), certains affirmant qu’il ne respecte pas les principes fondamentaux de la dignité humaine et des droits, tandis que d’autres disent qu’il donne carte blanche aux migrants (et aux passeurs) pour entrer en Europe et qu’il impose des charges injustes aux pays frontaliers. En décembre 2023, un accord politique a été conclu entre les législateurs sur les cinq aspects les plus débattus de la question, d’autres propositions ayant déjà fait l’objet d’un accord : le règlement sur le filtrage, le règlement Eurodac, le règlement sur la procédure d’asile, le règlement sur la gestion de l’asile et de la migration et le règlement sur les situations de crise et de force majeure.

Les intervenants de la conférence ont abordé certaines de ces mesures, parlé des lacunes du pacte et proposé des cadres alternatifs conformes à la pensée et à la tradition chrétiennes ainsi qu’à nos valeurs européennes.

Jose Carlos Abellan, professeur de droit et de bioéthique, a fait une brève introduction sur les cinq nouveaux accords du pacte et a posé quelques questions sur notre devoir en tant qu’hôtes, en tant que chrétiens et en tant qu’Européens.

Noemi Mena Montes, professeur d’affaires internationales et de communication à l’université Radboud, journaliste d’investigation sur la migration et l’asile, et experte en communication interculturelle et en réconciliation, a ouvert la conférence en définissant les termes (migrant, expatrié, demandeur d’asile) et en brisant certains mythes sur la migration.

Le deuxième intervenant, le Dr. Jean- Frédéric Poisson, président du parti VIA en France, auteur et membre du conseil d’administration d’ECPM, a invité l’auditoire à réfléchir autour de la question : Avons-nous le devoir d’accueillir les étrangers ? Il a commencé par décortiquer quelques-unes des raisons invoquées pour justifier ce devoir : le besoin de main d’œuvre bon marché, la baisse de la natalité, la charité, le passé colonial, etc. Il a rappelé à l’auditoire qu’en tant que chrétiens, nous sommes appelés à aimer notre prochain comme nous-mêmes, et que notre prochain est tout être humain, qu’il soit proche ou éloigné.

S’il a conclu que le devoir est valable, ne serait-ce que parce que nous partageons la même nature humaine, le Dr Poisson nous a également invités à faire preuve de prudence et de sagesse dans l’accomplissement de ce devoir. Il a évoqué deux dangers liés au processus de migration : d’une part, le dépassement des systèmes du pays d’accueil et, d’autre part, le déracinement, le déplacement et l’indignité dont souffrent les migrants. Il a mentionné comme solution possible le point de vue qu’ECPM défend également, à savoir que les pays d’accueil plus riches du Nord et de l’Ouest devraient insister, dans leur politique étrangère à l’égard des pays « sources », sur le respect des droits fondamentaux, l’État de droit, la protection des femmes et d’autres mesures qui réduiraient ou élimineraient les déplacements et la nécessité d’émigrer en premier lieu. La coopération et les accords économiques entre les pays devraient conduire au développement et à l’épanouissement des personnes dans leur pays d’origine, et pas seulement à l’enrichissement de l’Occident. M. Poisson a terminé sa présentation par un appel à la résistance contre la fragmentation et la mentalité du « nous contre eux ». Il a encouragé le public à s’accrocher aux valeurs et aux traditions héritées, à la primauté de la famille, à l’amour du prochain, et à rejeter l’idée que l’immigration de masse sans entrave est une solution à tous les maux de l’Europe.

Alfonso Galdón, président du parti Valores en Espagne et professeur de sciences environnementales, a parlé de l’approche de son parti en matière de migration. Il a critiqué les pouvoirs de Bruxelles qui ont abandonné les valeurs chrétiennes sur lesquelles le projet européen a été fondé et a dénoncé les échecs du multiculturalisme.

La conférence s’est terminée par des questions du public, composé de personnes originaires d’Amérique latine qui ont partagé leur point de vue sur les défis de l’immigration en Europe.